Nomen est Omen
Candidats au
crible du Scrabble
Le
dimanche 23 avril, anniversaire de la naissance – et de la mort – de
Shakespeare, il y aura leurs noms imprimés sur des bulletins. Être ou ne pas être au deuxième
tour ? Arthaud, Lassalle, Le Pen, Asselineau, Fillon, Poutou, Cheminade,
Macron, Hamon, Dupont-Aignan, Mélenchon : all’onze enfants de la patrie, le
jour de vote est arrivé ! L’Hexagone et les Outre-Mer, mairies, crèches, écoles,
salles de classe, salles de mariage, dans les bureaux partout, partout, il y
aura dès l’entrée de ces bulletins sur les tables. Laissez parler les p’tits papiers à l’occasion.
Nomen est omen, le nom est
présage. Aux candidats les programmes, à nous les anagrammes. Dicos du
Scrabble, qui dit quoi ? Que nous cache-t-on malgré soi ? Soyons une
Élisabeth Tessier textuelle.
Première surprise. Aujourd’hui, même les lettres de
son nom « Ha ! abominent »
Benoît Hamon. Celui qui nous « mitonna »
un revenu universel grâce auquel il « étonna »
son monde. Celui qui « bétonna »
la primaire socialiste, qui « emboîta »
le pas à Valls, celui qui « bonimenta »
pas mal et qui « émotionna »
avec sa « bonhomie », semble
« abonné » au passé
simple. No futur ? Malgré des
entrées comme « témoin »
ou « nation » dans son
lexique intime. Certains l’« aiment »
encore, d’autres le « minent »
et le « noient ».
Un
qui paraît appelé – voire épelé ! – à un grand avenir, c’est bien Emmanuel
Macron. Le regard « énamouré »,
« auréolé » de charisme,
il « annulera » les
vieux clivages, « malmènera »
les certitudes établies, « enlacera »
sa gauche et sa droite, « menacera »
ceux qui s’y voyaient déjà. Çà et là, il « énoncera »
quelques énormités, mais « nuancera »
jusqu’à ses gaffes. Voué à « amonceler »,
il attire jusqu’à l’œil des « cameramen ».
Demandez-lui la lune ! Si, si, il « alunera ».
En attendant, tout le monde ne tape que sur lui. C’est son côté « enclume » alors qu’il lui
manque un petit quelque chose pour se faire « mar(t)eau ».
Macron, qu’il soit jugé « méconnu »
ou « reconnu », les
mauvaises langues trouveront « anormale »
sa fulgurante « romance »
avec les électeurs. Chut ! On trouve même du « Cameron » en lui. Avec les robots tweeters
fillonistes qui se démultiplient pour le grimer en Emmanuel Hollande, il y
aurait donc « maldonne ».
Philippe
Poutou, lui, a bien son petit t à
marteler dans les débats, sans immunité. « Pilote »,
« loupiote », « Pepito », « popote », ou
alors « hippie », « pioupiou ».
Mais : « Peut-il »
faire un résultat ? Moins de 0,5%, ce sera « loupé »,
1% une « utopie ». Il
dit lui-même : « Ce qui est
rassurant c'est qu'on ne peut pas aller dans les négatifs avec les sondages
! »
Bon dernier, Jacques Cheminade – faisant mentir mon grimoire qui
le dit « académique » –
s’essaye inlassablement à cet exploit. Pour sûr, il est « maniaque ». Mon chat vote pour lui !
Un
autre qui aurait les pieds sur terre ? Jean Lassalle à votre service. Fallait
bien, pourrait-il grommeler, que « j’allasse »
voir si j’y étais encore dans cette France d’aujourd’hui égarée dans les « aléas » de la société
moderne.
Une Nathalie Arthaud « hilarante »
l’écouterait, mais qui « alunerait »,
tiens, tiens, dans le sillage de l’engin de Macron ?
Le futur simple, étrangement, a aussi fait son nid de coucou dans le nom de l’UPR François Asselineau. À croire l’augure, il « saucissonnera », « assaisonnera », « confessera » et « fiscalisera » le peuple que nous sommes.
Le futur simple, étrangement, a aussi fait son nid de coucou dans le nom de l’UPR François Asselineau. À croire l’augure, il « saucissonnera », « assaisonnera », « confessera » et « fiscalisera » le peuple que nous sommes.
Sauf si nous « cautionnons »
Nicolas Dupont-Aignan. Outre qu’il a lui aussi le mot « nation » à la bouche, NDA se charge
lui-même de l’« annonciation »
de sa « canonisation »
au micro de toutes les chaînes de France et de Navarre. Hélas pour lui !
Wiki nous apprend que les « pandiculations »
qui épuisent une majorité des lettres de son nom sont presque toujours accompagnées de bâillements.
Ce
qui nous a tenus en haleine de janvier à mars, c’était naturellement « l’épopée » « félonne » de Penelope Fillon, une
« lollipop » (sucette)
des médias, malheureusement compatible « Le
Pen (h)ope ». Goût « onionpeel »
(pelure d’oignon qui fait pleurer), je me suis sentie personnellement « pillée » et j’ai « flippé » à deviner la « nonlife » (non-vie) de cette
châtelaine qui a publié deux fois plus d’articles (mais six fois plus courts)
que moi dans La Revue des deux mondes,
pour gagner mille fois plus. Nobody’s perfect. Je dirais même plus, l’ex-Mr.
Nobody – François Fillon dans le texte – affectionne l’imparfait dans les
recoins de son nom, à la première personne du pluriel (lui et sa famille ou lui
et Les Républicains ?). Au passé : « Racolions », « affriolions »,
« offrions », « coffrions », « ricanions ».
Au présent : « raffolons »
et « fronçons » (les
sourcils) mais enfin « clarifions ».
Au futur : « faillirons ».
Sauf si l’on sait « raison »
garder dans l’espoir d’une « floraison ».
Il y a un « Lincoln »
dissimulé en François Fillon. Et « Nicolas »
s’y accroche à jamais !
D’un
autre côté, qui eût cru Marine Le Pen « aérienne »
et « maniérée » ?
Faut pas qu’on se « méprenne »,
elle demeure « l’ennemie »
qui va « aliéner »,
« anémier » la France,
la « miner » et nous…
« empaler ». Elle est riche
en infinitifs. Parions pour cette fois-ci qu’elle ne fera pas l’objet
d’adoption « plénière » par
une France orpheline de repères. Mais un jour Marion Maréchal Le Pen, « phénoménale » (ou « paranormale » ?), « amoncellera » (verbe d’Emmanuel Macron)
les suffrages et « carillonnera »
si l’on n’y prend pas garde.
Jean-Luc Mélenchon ou Jean-Luc Mélenchon
hologramme, les prédictions varient. Le premier « amoncelle » lui aussi, « annonce » (ou « ânonne »)
et « enclenche » enthousiasme
et applaudissements de son public conquis. C’est que ce « Caméléon », « melonné » de la tête, « éjacule » (notamment sa colère) lors
de ses meetings. Son hologramme ajouté, quel « remue-ménage » !
Dédoublé, pas qu’un peu « mégalomane », il « monologuera » avec encore plus de
« nonchalance ». « Challengeur » à la plus haute
fonction, ce « cancérologue »
de la misère, « océanologue »
de nos élans généreux, demeure l’« archéologue »
d’une gauche sans doute révolue, jamais au bout de sa tâche « herculéenne ».
La
mienne est à présent accomplie. Trêve de boule de cristal lettriste, foin de
marc de café. Juste un mot pour le sortant. François Hollande porte « La France »
dans son nom, qu’il désincarna peut-être, mais que, tout bien pesé, jamais il
ne « déshonora ». Il a
plutôt trahi sa nature supposée de « Cendrillon »,
et encore. Allez, ce pot d’adieu annoncé sur sa page Facebook piratée, et il
« folichonnera ». Ou pas.
Le PS ne signifiera plus après lui que P.S. comme post-scriptum.
Eva Almassy
Dernier ouvrage paru : Mortelles primaires,
collectif de 22
auteurs, éd. Arcane 17