lundi 17 avril 2017

Nomen est Omen

Nomen est Omen


Candidats au crible du Scrabble


Le dimanche 23 avril, anniversaire de la naissance – et de la mort – de Shakespeare, il y aura leurs noms imprimés sur des bulletins. Être ou ne pas être au deuxième tour ? Arthaud, Lassalle, Le Pen, Asselineau, Fillon, Poutou, Cheminade, Macron, Hamon, Dupont-Aignan, Mélenchon : all’onze enfants de la patrie, le jour de vote est arrivé ! L’Hexagone et les Outre-Mer, mairies, crèches, écoles, salles de classe, salles de mariage, dans les bureaux partout, partout, il y aura dès l’entrée de ces bulletins sur les tables. Laissez parler les p’tits papiers à l’occasion.

Nomen est omen, le nom est présage. Aux candidats les programmes, à nous les anagrammes. Dicos du Scrabble, qui dit quoi ? Que nous cache-t-on malgré soi ? Soyons une Élisabeth Tessier textuelle. 

Première surprise. Aujourd’hui, même les lettres de son nom « Ha ! abominent » Benoît Hamon. Celui qui nous « mitonna » un revenu universel grâce auquel il « étonna » son monde. Celui qui « bétonna » la primaire socialiste, qui « emboîta » le pas à Valls, celui qui « bonimenta » pas mal et qui « émotionna » avec sa « bonhomie », semble « abonné » au passé simple. No futur ? Malgré des entrées comme « témoin » ou « nation » dans son lexique intime. Certains l’« aiment » encore, d’autres le « minent » et le « noient ».

Un qui paraît appelé – voire épelé ! – à un grand avenir, c’est bien Emmanuel Macron. Le regard « énamouré », « auréolé » de charisme, il « annulera » les vieux clivages, « malmènera » les certitudes établies, « enlacera » sa gauche et sa droite, « menacera » ceux qui s’y voyaient déjà. Çà et là, il « énoncera » quelques énormités, mais « nuancera » jusqu’à ses gaffes. Voué à « amonceler », il attire jusqu’à l’œil des « cameramen ». Demandez-lui la lune ! Si, si, il « alunera ». En attendant, tout le monde ne tape que sur lui. C’est son côté « enclume » alors qu’il lui manque un petit quelque chose pour se faire « mar(t)eau ». Macron, qu’il soit jugé « méconnu » ou « reconnu », les mauvaises langues trouveront « anormale » sa fulgurante « romance » avec les électeurs. Chut ! On trouve même du « Cameron » en lui. Avec les robots tweeters fillonistes qui se démultiplient pour le grimer en Emmanuel Hollande, il y aurait donc « maldonne ».

Philippe Poutou, lui, a bien son petit t à marteler dans les débats, sans immunité. « Pilote », « loupiote », « Pepito », « popote », ou alors « hippie », « pioupiou ». Mais : « Peut-il » faire un résultat ? Moins de 0,5%, ce sera « loupé », 1% une « utopie ». Il dit lui-même : « Ce qui est rassurant c'est qu'on ne peut pas aller dans les négatifs avec les sondages ! » 

Bon dernier, Jacques Cheminade – faisant mentir mon grimoire qui le dit « académique » ­– s’essaye inlassablement à cet exploit. Pour sûr, il est « maniaque ». Mon chat vote pour lui !

Un autre qui aurait les pieds sur terre ? Jean Lassalle à votre service. Fallait bien, pourrait-il grommeler, que « j’allasse » voir si j’y étais encore dans cette France d’aujourd’hui égarée dans les « aléas » de la société moderne. 

Une Nathalie Arthaud « hilarante » l’écouterait, mais qui « alunerait », tiens, tiens, dans le sillage de l’engin de Macron ? 

        Le futur simple, étrangement, a aussi fait son nid de coucou dans le nom de l’UPR François Asselineau. À croire l’augure, il « saucissonnera », « assaisonnera », « confessera » et « fiscalisera » le peuple que nous sommes. 

Sauf si nous « cautionnons » Nicolas Dupont-Aignan. Outre qu’il a lui aussi le mot « nation » à la bouche, NDA se charge lui-même de l’« annonciation » de sa « canonisation » au micro de toutes les chaînes de France et de Navarre. Hélas pour lui ! Wiki nous apprend que les « pandiculations » qui épuisent une majorité des lettres de son nom sont presque toujours accompagnées de bâillements.

Ce qui nous a tenus en haleine de janvier à mars, c’était naturellement « l’épopée » « félonne » de Penelope Fillon, une « lollipop » (sucette) des médias, malheureusement compatible « Le Pen (h)ope ». Goût « onionpeel » (pelure d’oignon qui fait pleurer), je me suis sentie personnellement « pillée » et j’ai « flippé » à deviner la « nonlife » (non-vie) de cette châtelaine qui a publié deux fois plus d’articles (mais six fois plus courts) que moi dans La Revue des deux mondes, pour gagner mille fois plus. Nobody’s perfect. Je dirais même plus, l’ex-Mr. Nobody – François Fillon dans le texte – affectionne l’imparfait dans les recoins de son nom, à la première personne du pluriel (lui et sa famille ou lui et Les Républicains ?). Au passé : « Racolions », « affriolions », « offrions », « coffrions », « ricanions ». Au présent : « raffolons » et « fronçons » (les sourcils) mais enfin « clarifions ». Au futur : « faillirons ». Sauf si l’on sait « raison » garder dans l’espoir d’une « floraison ». Il y a un « Lincoln » dissimulé en François Fillon. Et « Nicolas » s’y accroche à jamais !

D’un autre côté, qui eût cru Marine Le Pen « aérienne » et « maniérée » ? Faut pas qu’on se « méprenne », elle demeure « l’ennemie » qui va « aliéner », « anémier » la France, la « miner » et nous… « empaler ». Elle est riche en infinitifs. Parions pour cette fois-ci qu’elle ne fera pas l’objet d’adoption « plénière » par une France orpheline de repères. Mais un jour Marion Maréchal Le Pen, « phénoménale » (ou « paranormale » ?), « amoncellera » (verbe d’Emmanuel Macron) les suffrages et « carillonnera » si l’on n’y prend pas garde.

 Jean-Luc Mélenchon ou Jean-Luc Mélenchon hologramme, les prédictions varient. Le premier « amoncelle » lui aussi, « annonce » (ou « ânonne ») et « enclenche » enthousiasme et applaudissements de son public conquis. C’est que ce « Caméléon », « melonné » de la tête, « éjacule » (notamment sa colère) lors de ses meetings. Son hologramme ajouté, quel « remue-ménage » !  Dédoublé, pas qu’un peu « mégalomane », il « monologuera » avec encore plus de « nonchalance ». « Challengeur » à la plus haute fonction, ce « cancérologue » de la misère, « océanologue » de nos élans généreux, demeure l’« archéologue » d’une gauche sans doute révolue, jamais au bout de sa tâche « herculéenne ». 

La mienne est à présent accomplie. Trêve de boule de cristal lettriste, foin de marc de café. Juste un mot pour le sortant. François Hollande porte « La France » dans son nom, qu’il désincarna peut-être, mais que, tout bien pesé, jamais il ne « déshonora ». Il a plutôt trahi sa nature supposée de « Cendrillon », et encore. Allez, ce pot d’adieu annoncé sur sa page Facebook piratée, et il « folichonnera ». Ou pas. Le PS ne signifiera plus après lui que P.S. comme post-scriptum.

Eva Almassy
Dernier ouvrage paru : Mortelles primaires
collectif de 22 auteurs, éd. Arcane 17



samedi 3 août 2013

L'Accomplissement de l'amour


 Ce livre parle du désir, aussi n’est-il que précipitation, urgence et tumulte : une femme va vers son amant et le quitte vingt-quatre heures plus tard. Mais mon court roman a une longue histoire, très personnelle. J’étais encore une adolescente lorsque j’ai lu pour la première fois une nouvelle de Robert Musil dont je reprends ici le titre et la thématique. Autant dire que son questionnement m’a accompagnée toute ma vie : faire la part entre désir et amour, liberté et fidélité, soi et l’autre. Un engagement ne se brise pas si facilement, ferait-on tout pour être infidèle qu’on ne le pourrait pas, car ceux que nous avons aimés nous constituent, sont mêlés à nos fibres. Ces questions surgissent dans n’importe quel couple et sont, je crois, d’une grande actualité. Aux fantasmes très masculins de Musil sur la sexualité féminine j’oppose les contenus et les pratiques typiques de notre époque, avec le grand bal masqué de l’internet en arrière-plan. Mais, comme lui, je fais un reportage en direct de l’âme humaine, comme lui, au lieu de montrer ce qu’il y a dans l’âme, je me demande plutôt ce qu’il en est de l’âme. Elle est ce qui reste après avoir épuisé l’action, après avoir tout fait, après être revenu de tout. J’espère que mes pages, mes phrases ont cette clarté et cette transparence. Cette nudité en somme. Si j’atteins mon but alors un écrit profondément solitaire pourra se revendiquer comme profondément solidaire avec l’expérience de beaucoup-beaucoup de femmes et de pas mal d’hommes.
Pour la forme, ce sont donc vingt-quatre heures dans la vie d’une femme, Béatrice (entre enfer et  paradis), qui tente de s’évader de son couple le temps d’une brève rencontre avec un inconnu. Pour décor, on a une voiture, de la pluie, on a Paris. Il y a trois personnages principaux, un quatrième plus mystérieux, homme ou femme, même moi, je ne saurais pas le dire. L’enjeu c’est de se sentir vivant. Où qu’on aille, on va à la rencontre de son propre visage. 

vendredi 21 mai 2010

Déjà le 21, déjà le mois de mai, et encore nous

Portrait de l'artiste avec des chats, des chiens, des jours d'anniversaires, des jours de pluie, au piano, au violon, les bijoux – et même le plus pauvre pourrait se peindre avec de l'or, et le plus malheureux à travers le bonheur, non pas tous les instants heureux, pas que, quoique, et non ! Tous les instants en leur puissance de bonheur, leur infinie ouverture de purs événements.

vendredi 25 septembre 2009

Les cheveux de la poupée, catalogue École des loisirs




Eva Almassy

has the magical gift of

beauty, a breath, an

impulse, a secret

ensconced in words.

Few writers have this.

When she talks about

something, it is lit up

from the inside, and

when she writes novels,

they become essential

moments in our lives.

Why? Because she

knows how to put

herself in that place.


Doll's Hair

For her tenth birthday Charlotte got to choose a

doll from her uncle's collection. It was impossible

to pick one, and then suddenly, there she was: the

perfect doll, with her beautiful, sad smile, her eyes

that rolled, and her shiny human hair.

At night in the dark of her bedroom, Charlotte

and the doll talked to each other. They loved each

other. They resembled one another, like two sisters,

like a mother and her child.

Charlotte's friend, Marianne, knew things that

made you mature. Adult stories. How dolls are

made, for example, with dead people's hair.

Marianne told Charlotte things, but Charlotte

didn't understand. It wasn't possible. All of those

horrors, the words tumbling out, images that

damage you. Charlotte had to find out the truth.

But the doll, this child of the dead, was still there.

dimanche 2 août 2009

William Singespeare


Autoportrait de tout écrivain : le singe dactylographe.

lundi 28 juillet 2008

Lisa

Au printemps dernier est née l'Association des Amis de Lisa Bresner.

Si vous souhaitez en faire partie, vous êtes les bienvenus.

Le but est la sauvegarde de la mémoire et le rayonnement de l'œuvre, nous aimerions encourager les vocations, universitaires, éditoriales, cinématographiques, les adaptations, les analyses, les biographies.

Un bulletin de l'Association pourra voir le jour afin de faire état des recherches en cours et de publier nous-mêmes certains travaux.

Longue vie aux livres de Lisa Bresner.

Lisa, on ne t'oublie pas.


Pour tout renseignement :

lesamisdelisabresner@free.fr

Présidente de l'Association : Mme Martine Bresner

Secrétaire : Eva Almassy


Cotisation annuelle : 25 euros
Pour les étudiants : 15 euros
Membres bienfaiteurs : à partir de 50 euros

Adresse

Association des Amis de Lisa Bresner

77 rue Lafaurie de Monbadon
33000 Bordeaux

mercredi 22 août 2007

Lili Bai à Libé


Editrice de Libellules, je vois les mots clés qui conduisent les lecteurs jusqu’au blog.
Lisa Bresner Libération
Lisa Bresner Libé

On cherche à savoir ce que Libération a dit de la disparition de Lisa. Je croyais qu’il y avait un entrefilet, quelque chose. Ce matin, à la bibliothèque, j’ai feuilleté le journal, tous les numéros du 30 juillet au 7 août. Rien. Je me suis dit, pas possible. J’ai recommencé, rien. Si, finalement.
Dans Le Carnet (rubrique payante), du jeudi 2 août :

Décès
Martine Bresner, sa mère, Solal Robinne, son fils,
les familles Pety, Bellenger, Robinne
parents et amis
ont la très grande peine
de vous faire part
de la disparition soudaine de
Lisa Bresner
Ecrivain, scénariste, réalisatrice
à Nantes, à l’âge de 35 ans,
le 28 juillet 2007.
Une cérémonie d’adieu aura lieu
à la chapelle de l’Hôtel Dieu
(CHU de Nantes, rue Gaston Veil)
le vendredi 3 août à 14 H 30.

En réalité, la cérémonie a eu lieu à 15 heures (tandis que sur la pendule de la chapelle il était 14 heures, indéfiniment). Le moment n’est pas encore venu de faire le procès d’une presse française ignorante, assoupie dans son été (honte tout de même à Libération, honte aussi au Monde – vu le petit papier froid et fautif – il aurait mieux valu rien ! – signé P. K.), ni celui d’une édition française (pour d’autres raisons).
Dans les pages, parfois en une, de Libé, j'ai lu malgré tout et entre les lignes une histoire de Lisa Bresner tout au long de la semaine.
« Au cœur d’A bout de souffle – Jean Seberg » (bien sûr qu’il y a des ressemblances). Un grand article « made in China », sur Pékin : c’est dans Pékin est mon jardin que l’amant chinois nomme Lisa Lili Bai, féminisation de Li Bai (Li Po). Le 31, couverture noire, barrée du mot Silence - pour Ingmar Bergman. Plus encore, le 1er août, « Buona Notte » - pour Michelangelo Antonioni, avec son visage magnifique, aveugle, comme d’outre-lumière, d’outre-monde. Ils ont pu prendre, ces deux-là, Lisa et son cinéma naissant sous leurs larges ailes.
Enfin, la rubrique « Mon Journal », avec la semaine d’une Asiatique, ce qui m’a rappelé que Libération avait autrefois publié une semaine à Kyoto d'une certaine Lisa Bresner.
 
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